La solidarité naît de la douleur et non de la joie. On se sent plus proche de quelqu'un qui a subi avec vous une épreuve pénible que de quelqu'un qui a partagé avec vous un moment heureux.
Le malheur est source de solidarité et d'union alors que le bonheur divise. Pourquoi ? Parce que, lors d'un tryomphe commun, chacun se sent lésé par rapport à son propre mérite. Chacun s'imagine être l'unique auteur d'une commune réussite.
Combien de familles se sont divisées à l'heure d'un héritage ? Combien de groupes de rock and roll ont pu rester soudés malgré leur succès ? Combien de mouvements politiques ont éclatés, le pouvoir pris ?
Etymologiquement, le mot "sympathie" provient d'ailleurs du grec sumpatheia qui signifie "souffrir avec". De même "compassion" est issu du latin compassio signifiant lui aussi "souffrir avec".
C'est en imaginant la souffrance des martyrs de son groupe de référence qu'on peut un instant quitter son insupportable individualité. C'est dans le souvenir d'un calvaire vécu en commun que résident la force et la cohésion d'un groupe.
(Source : Bernard Werber - E.S.R.A.)